Les dates essentielles des "bandites" de la Turbie apparaissent comme autant de jalons sur "la route la plus solitaire, la plus déserte", de la vision de Dante dans la Divina Comedia, où s'étendent les générations successives de la communauté.
A partir de la formation de la seigneurie de la Turbie, au sortir des temps obscurs du Haut-Moyen-Age, elles marquent les étapes de l'évolution socio-économique de cette communauté fermée, d'abord pastorale et agricole, avant sa dilution au sein du cosmopolitisme contemporain.
Le domaine des "bandites" que Je rapport de classification des propriétés foncières établi sous Je 1er Empire en 1807 définissait comme "... des montagnes qui ne donnent que des pâturages la plupart mauvais par la grande quantité de rochers et de pierres qui s'y trouvent", était à la mesure de la résistance et de la ténacité des générations anciennes.
Mais, maintenant que la page est tournée, il appartient à notre génération, tirant les leçons du passé, de réaliser l'équilibre entre la tradition et le progrès.
La tradition : C'est, bien sûr, une nature vierge, d'une beauté rude et austère mais c'était aussi et avant tout cette effroyable hécatombe de jeune êtres qui ne dépassaient jamais la première enfance. Le Progrès : Ce ne peut être Je triomphe de la "science sans conscience" ; mais la marche vers le beau et l'idéal.
A l'aube du troisième millénaire, notre génération inquiète s'interroge... Vers quel avenir ? Vers quels rivages sommes-nous emportés ?
Les "bandites" de la Turbie, aux temps anciens, nous J'avons vu, constituaient non seulement des "droits", mais aussi un code de bon usage et de préservation du patrimoine rural. Dépassant les apparences formelles et juridiques, les "bandites", loin d'être une fantaisie, n'auraient-elles pas été la manifestation archaïque d'une éthique, d'une exigence morale qui s'impose à notre civilisation et qu'exprimé si bien cette citation de Paul-Emile Victor : "Le respect de l'homme commence par le respect de la nature. Le respect de la nature commence par l'éducation des enfants. L'éducation des enfants commence par l'exemple des parents" (28).
(1) Archives du Palais de Monaco, A 188.
(2) Archives départementales des Alpes-Maritimes, B7, f° 300-306 ; B8, f° 193-195 ; B9, f° 267-272. Transaction du 23 juin 1655 : B2, f° 70-104
(3) Actes publiés dans Documents historiques relatifs aux seigneuries de Menton, Roquebrune et ta Turbie du Xle au XVIe siècle recueillis par Gustave SAIGE et L.-H. LABANDE (Monaco, 1909). Originaux conservés aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône B 143 (acte de 1246), B 448 (acte du 8 mai 1318), B 488 (acte du 14 décembre 1331) et aux Archives d'Etat de Turin, Monaco e Turbia, mazzo VI, n° 29.
(4) CASIMIR (Philippe), Les Bondîtes de la Turbie. Monaco, 1919.
(5) Archives du Palais de Monaco, A 414.
(6) Archives municipales de la Turbie, CCI : comptes 1658-1713
(7) Archives du Palais de Monaco, A 201.
(8) Archives départementales des Alpes-Maritimes, B 21, f° 70-104
(9) Archives municipales de la Turbie
(10) Archives départementales des Alpes-Maritimes 3 E 67/14
(11) Archives municipales de la Turbie
(12) Archives municipales de la Turbie
(13) CASIMIR (Philippe), Les Bandites de la Turbie. Monaco, 1919.
(14) Archives municipales de la Turbie
(15) Voir annexe 1
(16) Archives municipales de la Turbie
(17) 1 rup = 7732,180 grammes
(18) Archives municipales de la Turbie
(19) Voir annexe 2. Le territoire total de la commune s'étendait sur 1400 hectares avec 500 hectares de terres exploitables dont 100 hectares appartenaient à des monégasques.
(20) Archives municipales de la Turbie
(21) Archives municipales de la Turbie et de Beausoleil
(22) Voir annexe 4
(23) Archives municipales de la Turbie
(24) Voir annexe 5
(25) Archives du ministère des Affaires étrangères
(26) J.O., Assemblée nationale, séance du 21 mai 1963
(27) Le tableau reproduit en annexe 6 donne le montant des sommes de rachat alloué à chaque particulier ayant droit. Mais, compte tenu de la modicité des sommes, le Conseil municipal a convié les intéressés à faire abandon de leur part à la commune. A notre connaissance, c'est ce que firent les derniers bandiotes !
(28) Noté comme inscription à la plage de Larvotto en principauté de Monaco.